Sidérurgie: Michel Wurth s’attend à un ralentissement au 4éme trimestre
Jean-paul Delbert 7 septembre 2011
Dans une interview à paraître le 15 septembre dans le magazine paperJam, Michel Wurth, membre du comité de direction d’ArcelorMittal, commente notamment les difficultés actuelles de la sidérurgie. Il souligne des problèmes de surcapacité et s’attend à un ralentissement au quatrième trimestre.
…/…«En Europe, la consommation d’acier reste encore inférieure de 20% à 25% à ce qu’elle était avant la crise de 2008. On a donc des problèmes de surcapacités. Cela varie d’un pays à l’autre et d’un marché à l’autre. C’est par exemple mieux en Allemagne qu’en France. Qui dit surcapacité dit arrêt momentané des installations, comme à Florange, pour tenir compte de ces phénomènes-là. Par ailleurs, le 2e semestre est toujours moins fort sur le plan de la demande. Nous sommes donc dans une situation difficile.
…/… Comment jugez-vous l’importance de la crise actuelle.
«Il faut d’abord voir que les effets d’une crise se font toujours sentir avec un ou deux trimestres de retard dans la sidérurgie par rapport aux mouvements boursiers précurseurs. Les commandes faites aujourd’hui le sont pour des voitures déjà vendues… C’est donc au 4e trimestre de cette année que nous devrions connaître un certain ralentissement, car à ce moment-là, nos clients feront face à une baisse de la confiance des consommateurs et à une baisse de la demande. C’est la raison pour laquelle ces deux derniers mois, il y a eu des corrections de cours boursiers non seulement d’ArcelorMittal, mais aussi de toutes les sociétés sidérurgiques, alors que, directement, au mois d’août, il n’y a pas eu plus ou moins de commandes. C’est simplement une anticipation, car le marché pense qu’il va y avoir des effets réels. Ces effets réels, on les verra au niveau de la consommation sidérurgique, par une baisse de la confiance des consommateurs, par une baisse des biens d’investissement et par tous les programmes de réduction de l’endettement public auquels on va assister dans les pays européens.
La crise actuelle est-elle aussi grave que celle de 2008?
«Elle est différente. Ce qui est en train de se passer, c’est qu’il ne va plus y avoir de projets d’infrastructures. La Bourse n’a fait qu’anticiper le mouvement. En 2008, les Etats ont immédiatement mis en place des programmes de stimulation de l’économie. Aujourd’hui, il est question de durcir l’austérité et de réduire les dépenses pour résorber le déficit public. C’est donc différent. Par ailleurs, en 2008, nous avions une bulle au niveau des stocks, avec des prix de l’acier très élevés. La bulle s’est évaporée, entrainant une chute des matières premières et des produits sidérurgiques. Les sociétés ont enregistré une perte du fait de la réduction brusque de leur encours. Cela n’est pas le cas cette fois-ci, car les prix des produits sidérurgiques sont moins élevés ainsi que les résultats. Nous n’avons pas observé de chute des prix des matières premières. Le minerai reste cher, le charbon reste cher, la ferraille reste chère. La crise que nous avons est la crise du vieux monde et non pas une crise du monde entier, contrairement à 2008.»
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